Quand les poules avaient des dents

Depuis quelque temps déjà, les normales saisonnières s’affolaient. La banquise fondait, les mers du globe frôlaient l’ébullition ; les poissons suffoquaient, les phoques s’offusquaient ; les pianos perdaient leur queue, les lézards gardaient la leur…

Pendant ce temps, la croissance mollissait, le chômage durcissait, la parité piétinait, l’obésité gagnait.

Chaque jour, un nouveau record catastrophique franchissait la barre symbolique. Le chassé-croisé des Juillettistes et des Aoûtiens avait désormais lieu à Pâques. Les moutons s’étaient remis à trembler. Le baril de pétrole se laissait pousser des ailes.

Et cette fois c’était sûr : les poules avaient des dents.

Petit manuel de survie à l’usage des gens de goût, cet ouvrage offre des solutions poétiques et dérisoires aux absurdités du monde contemporain. De A comme « Accident Voyageur » à W comme « Wagons-Lyres », c’est un répertoire tour à tour émerveillé, tendre, burlesque ou grinçant. On y rencontre aussi bien des OGM (organismes génétiquement magnifiés), que des légumineuses salaces, des bêtes à cornes que des bêtes à poil, ainsi que des traces de fleurs dévergondées.

Le Président de la Cour des Contes y côtoie le Poinçonneur de lilas ; l’indispensable Casse-pipe y dialogue avec le non moins nécessaire Peigne-cul ; les Lunettes de sommeil avec le Tamponneur de coquillard et autres Déconfiture de fraises.

Détournant des gravures extraites d’une célèbre encyclopédie, les illustrations apportent cette touche de sérieux et de dignité dont ne saurait se départir tout projet sincèrement loufoque.